Etape 1 : L’idée
Pour cette édition 2021 du datajournalismelab, notre équipe a décidé de se pencher sur le plan 1 jeune 1 solution et son application en Nouvelle-Aquitaine. Souhaitant tous faire une alternance en deuxième année, nous avons fait le choix de nous focaliser sur l’aide accordée aux entreprises en cas d’embauche d’alternant. Une hypothèse nous a guidés tout au long de cette enquête : cette aide, son versement et son utilisation par les entreprises est représentative des défaillances du système d’alternance en France.
Etape 2 : Trouver les données
Pour ne pas nous perdre dans les données, nous avons commencé par identifier un secteur précis sur lequel enquêter : le commerce, qui est le premier secteur d’activité des contrats d’alternance en 2020. Notre principale difficulté a été de trouver des données au niveau régional puisque 1 jeune 1 solution est avant tout un dispositif national. La complexité administrative a également été un de nos principaux obstacles, les délais d’obtention étant très (trop) longs, et les différents services se renvoyant systématiquement la balle.
Il nous a fallu identifier les données dont nous avions besoin pour tenter de répondre à notre hypothèse. Nous avons donc listé les différents acteurs de l’alternance pour pouvoir cibler nos demandes. Nous avons ainsi identifié les centres de formation d’apprentis (CFA), les opérateurs de compétences (OPCO), le pôle formation de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) Nouvelle-Aquitaine, les recruteurs et les alternants eux-mêmes. En parallèle de ces démarches, il a fallu récolter des données nationales sur l’alternance pour dresser un état des lieux, en passant notamment par les sites de l’INSEE et de Pôle emploi.
Plusieurs difficultés se sont posées :
– Le contrat d’alternance comprend à la fois des contrats d’apprentissage et des contrats de professionnalisation. Certains interlocuteurs n’étaient en mesure de nous transmettre que les chiffres de l’apprentissage (qui est majoritaire), d’autres nous ont fourni des données comprenant les deux types de contrat, mais sans le détail. Il nous était donc impossible de dresser des comparaisons pertinentes.
– Certaines données n’étaient pas établies sur les mêmes années universitaires, rendant impossible la comparaison.
– Le plan 1 jeune 1 solution n’étant pas encore terminé, certains organismes recensent encore les chiffres du début de l’année 2021 et ne pouvaient donc nous transmettre aucun jeu de données.
Voici les différents jeux de données que nous avons récoltés : jeux de données alternance
Etape 3 : Incarner l’enquête
Pour être incarnée, notre enquête devait être alimentée par des témoignages. Notre premier interlocuteur a été un responsable pédagogique, chargé de recrutement et d’orientation au sein d’un CFA bordelais, qui a souhaité préserver son anonymat. Il nous a aidé à identifier plusieurs problèmes liés à cette aide, notamment le fait que certaines entreprises intéressées par la prime recrutent alors qu’elles n’ont pas les capacités d’encadrer et de former correctement ces jeunes. Le directeur adjoint du CFA Bordeaux Montaigne, Pascal Godineau, nous a apporté un témoignage supplémentaire et confirmé que la hausse des contrats d’alternance observée au niveau national se retrouvait dans son université. Certaines informations étant contradictoires entre ces deux témoignages, il nous a fallu procéder à des vérifications, notamment auprès d’acteurs administratifs comme la DREETS. Enfin, des témoignages d’alternantes sont venus confirmer les dérives que nous avions identifiées.
Etape 4 : Visualiser les données
Il a rapidement fallu sélectionner les données à visualiser et choisir comment le faire. Nous ne disposions que de peu de données, pas toujours concordantes et souvent établies sur de faibles échantillons. Malgré les chiffres récoltés, il a été impossible de dresser notre propre jeu de données à exploiter. Nous avons donc dû nous contenter des informations transmises par l’UBM pour établir un bilan chiffré.
Etape 5 : Constater les limites de notre enquête
Notre enquête présente une limite principale qui est son manque de recul. Le plan 1 jeune 1 solution a été lancé en juillet 2020. Il devait se terminer le 31 mars 2021 mais a été prolongé jusqu’au 31 décembre. Nous ne sommes donc pas en mesure de dresser un bilan complet, mais seulement de faire un point d’étape. Cet écueil nous a limités dans la récolte de données puisque par exemple, l’OPCO EP nous a indiqué ne pas encore disposer de chiffres pour le début de l’année 2021.
Nos contacts
– Un responsable pédagogique, chargé de recrutement et d’orientation au sein d’un CFA bordelais, qui a souhaité préserver son anonymat.
– OPCO PE-NA.
– Pascal Godineau, directeur adjoint du CFA Bordeaux Montaigne.
– Frédéric Boulard, responsable du pôle formation de la CCI Nouvelle-Aquitaine.
– Martine Domecq, responsable du pôle information économique de la CCI Nouvelle-Aquitaine nous a transmis des données sur les petites entreprises.
– Nayra Vacaflor, responsable de la licence professionnelle de communication éditoriale et digitale
– Association régionale des missions locales (ARML) : injoignable par mail et par téléphone.
– Ministère du travail : Théo Piallat, chargé de mission rédacteur, mission communication.
– Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS) : Eric Labadie, chef de mission insertion et emploi. Emilie Charoing-Renaudie, chargée de mission insertion professionnelle – référente apprentissage.
– Centre régional information jeunesse Nouvelle-Aquitaine (CRIJNA) : le plan ne relevant pas de leurs compétences, il nous a renvoyés vers le standard de la région. Nous y avons demandé le pôle “emploi” mais nous avons été redirigés vers le pôle citoyenneté. Ce dernier nous a indiqué qu’il n’existait pas de pôle formation et emploi (dont nous nous sommes assurés de l’existence) et refusé de nous rediriger vers le service compétent. Nous avons alors adressé notre demande via un formulaire de contact sur le site de la Région, il nous a été répondu d’adresser une demande sur le site 1 jeune 1 solution. Ces derniers nous ont invités à consulter les différentes rubriques sur leur site internet.
– 5 alternants dont le contrat a été rompu par la même entreprise, pour se voir proposer un CDI entre 2018 et 2020, 4 restent sans réponse.
– Une alternante, ancienne étudiante à Bordeaux Montaigne, qui est mal encadrée dans son entreprise.
Nicolas Azam, Valentine Meyer, Mathilde Muschel, Susie Muselet, Lolla Sauty–Hoyer, Eléa Tymen