L’offre de formation professionnelle est loin d’être la même en fonction des établissements pénitentiaires de la Nouvelle-Aquitaine. Une forte disparité qui s’explique en partie par la spécificité des territoires et un manque de salles disponibles.
Travail autour de la mode et du textile à Gradignan, taille de pierre à Saint-Martin de Ré… Selon le lieu d’incarcération en Nouvelle-Aquitaine, tous les détenus n’ont pas accès à la même palette de formations.
Depuis 2016, avec la loi de fusion des régions, la formation professionnelle des détenus est une compétence de la Nouvelle-Aquitaine. Une expérimentation avait été menée auparavant, entre 2011 et 2015, au sein de l’ex-région Aquitaine où la formation a commencé à se développer autour d’un socle commun, à commencer par le bâtiment : « Il y avait beaucoup de travail car il fallait remettre en état les parloirs, les bibliothèques, les cellules… de quoi faire de la formation bâtiment pendant plusieurs années… », explique Catherine Veyssy, Vice-Présidente de la Région en charge de la formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’emploi.
L’offre s’est ensuite élargie aux métiers de la restauration, profitant de la présence des cuisines dans chaque établissement, et à l’hygiène par l’entretien des espaces collectifs. Puis elle a été enrichie en s’ouvrant à d’autres secteurs d’activités comme la création d’entreprise, l’agriculture ou encore les espaces verts, dans les prisons ayant un espace extérieur adapté.
Et c’est justement là que le bât blesse. La diversité des formations n’est pas la même selon la nature, la taille, la localisation et les budgets alloués aux différents établissements. Au centre de détention de Bédenac, 175 détenus en Charente-Maritime, on trouve des formations dans six domaines : l’agriculture, le bâtiment, le transport, la restauration, l’hygiène et l’administration. Les 279 hommes incarcérés au centre de détention d’Eysses (Lot-et-Garonne) n’ont, eux, accès qu’au bâtiment et à l’hygiène.
Les différents types de prisons |
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Maison d’arrêt : détenus en attente de jugement ou dont la condamnation n’est pas définitive ou dont le reliquat de peine est inférieur à deux ans. Centre de détention : détenus ayant une peine supérieure à deux ans et qui présentent les meilleures perspectives de réinsertion sociale. Maison centrale : détenus les plus dangereux, condamnés à de longues peines, ou ceux pour lesquels il y a peu de chances de réinsertion. Centre pénitentiaire : peut comprendre à la fois un centre de détention, une maison centrale, une maison d’arrêt et un centre pour peines aménagées. |
C’est au sein des maisons d’arrêt que la diversité de formations proposées est la plus faible. On y retrouve principalement des sessions liées au bâtiment, à la restauration et à l’hygiène, mais l’offre y est assez restreinte. « On est limité sur les petites maisons d’arrêt de centre ville comme celles de Périgueux, Niort, Rochefort, ou encore celle de Saintes. Il y a très peu de détenus – une centaine environ – et de vraies difficultés pour offrir de la formation en raison d’un manque de salle et de matériel », déplore Emmanuel Giraud, secrétaire interrégional Force ouvrière, syndicat majoritaire dans l’administration pénitentiaire. « On manque de structures adaptées, l’administration pénitentiaire met tout en œuvre, des budgets sont dédiés, mais faute de place, on ne peut pas le faire partout », poursuit-il.
Au sein de la maison d’arrêt de Limoges, Thierry Cordier, secrétaire local du syndicat FO, constate ce manque de diversité dans l’offre de formation. Seulement une formation en cuisine et une autre en inclusion numérique : « On est assez pauvres, c’est une petite structure donc on n’a pas forcément les moyens d’accueillir de nouveaux ateliers… On pourrait étoffer l’offre, mais je ne sais pas pourquoi ça ne se fait pas ».